Les L.AS, plus convoitées que les PASS par les étudiants en santé ?
Fini le temps où le PASS (parcours spécifique accès santé) était considéré comme la voie royale pour accéder aux études de santé. Deux ans après la mise en place de la réforme supprimant la PACES, les L.AS (licences avec option "accès santé") commencent à s'imposer, doucement mais sûrement.
Si la tendance se poursuit, les étudiants en L.AS seront bientôt plus nombreux que ceux en PASS. Après la suppression de la PACES (première année commune aux études de santé) en 2020, toutes les cartes ont été rebattues.
Pour intégrer les études de santé MMOPK (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie, kiné), deux voies sont possibles : le PASS considérée comme le successeur de la PACES, et la L.AS, censée élargir les profils des futurs professionnels de santé. Contrairement à ce que l'on pouvait constater jusqu'à présent, les L.AS semblent avoir de plus en plus la cote.
Le nombre d'étudiants en L.AS a bondi de 47 %
"On a changé de dimension, les étudiants comprennent les deux parcours. Ils savent qu'ils ont toutes leurs chances en PASS comme en L.AS", pose Didier Samuel, président de la Conférence des doyens de médecine.
Les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur le prouvent : en l'espace d'un an, le nombre d'étudiants en L.AS a bondi de 47% (6.500 étudiants supplémentaires). Cette licence, qui peut s'effectuer en trois ans (L.AS 1, L.AS 2 et L.AS 3) comme une licence classique, a vu ses capacités d'accueil augmenter, et ce, dès la première année : 12.859 étudiants étaient inscrits en L.AS 1 en 2020-2021, ils étaient 14.945 en 2021-2022.
Une légère baisse des effectifs en PASS
À l'inverse, les PASS (parcours en un an) ont perdu 3,5% de leurs effectifs à la rentrée 2021, soit environ 1.000 étudiants.
À la rentrée 2021, 27.207 étudiants ont donc privilégié les PASS et 20.094 ont intégré les L.AS (tous niveaux confondus). En l'espace d'un an, l'écart s'est déjà réduit entre les deux parcours.
"Il y a une augmentation du nombre d'étudiants en L.AS parce que les universités appliquent la réforme et proposent plus de parcours pour tendre vers le tout L.AS. Mais cela ne signifie pas qu'il y a une baisse d'attractivité en PASS", estime Miryam Bercher, vice-présidente en charge des affaires académiques à la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes).
Plus de chance d'intégrer une L.AS sur Parcoursup
Cette augmentation du nombre d'étudiants en L.AS pourrait aussi être liée à la sélection induite par Parcoursup. Le constat est simple : il est plus facile d'être pris en L.AS qu'en PASS pour les bacheliers. En 2022, le taux d'accès en PASS s'élevait en moyenne à 30,8%. Ce qui signifie que les 240 PASS n'acceptent qu'un tiers des candidatures.
En revanche, en L.AS, ce taux d'accès est en moyenne de 75%. Sur les 449 L.AS proposées, 35 donnent une réponse positive à l'intégralité des candidats et 105 en prennent plus de 95%. À la FAGE, Miryam Bercher tempère : "Les universités ont du mal à remplir les places en L.AS car les familles ont toujours la vision PACES/PASS."
Le nombre de vœux sur Parcoursup toujours à la faveur des PASS
D'autres chiffres sur Parcoursup montrent d'ailleurs que ce sont bien les PASS qui ont toujours la faveur des étudiants. Entre 2020 et 2022, le nombre de vœux en PASS a augmenté de 67% contre 13% en L.AS.
Pour la rentrée 2022, les bacheliers ont même fait deux fois plus de vœux en PASS qu'en L.AS (663.079 contre 318.132). Le doyen des doyens, Didier Samuel, l'affirme : "Certains vont considérer qu'ils ont davantage le niveau pour entrer en PASS et penser qu'ils vont être mieux préparés donc ne choisiront pas les L.AS. Il faut réfléchir à la cohérence de son parcours : est-ce que telle majeure de L.AS me prépare vraiment à la santé ?"
Un manque de visibilité sur la réussite en L.AS
Reste à évaluer le taux de réussite en deuxième année d'études de santé, en comparant les résultats des étudiants venant de PASS à ceux venant de L.AS. "Pour l'instant, on manque de recul sur leur réussite, on sait que c'est un petit peu plus difficile donc on a demandé aux universités d'insister sur l'encadrement des étudiants venant de L.AS", précise Didier Samuel.
Selon lui, la réforme est encore loin d'être aboutie malgré les progrès pour intégrer différents profils en études de santé. Alors que les universités ont élargi le nombre de L.AS en intégrant de nouvelles disciplines, l'objectif à terme serait plutôt de restreindre à certaines mentions, plus en lien avec les études médicales.
Pour la FAGE, la difficulté est encore d'accompagner les universités dans la réforme que ce soit au niveau des calendriers, de l'équité ou de la pédagogie.
À noter néanmoins que globalement, le nombre d'étudiants en première année d'études de santé diminue fortement (-15,6%). Lors de la rentrée 2020, les redoublants de PACES étaient encore comptabilisés en plus des effectifs en PASS et L.AS, ce qui représentait un total de 56.052 étudiants.
À la rentrée 2021, ils ne sont plus que 47.301 étudiants alors même qu'ils sont répartis dans trois niveaux d'études (PASS/L.AS 1, L.AS 2, L.AS 3). Reste à savoir si les chiffres restent stables à la rentrée 2022 pour établir un lien avec la réforme dont la mise en place avait été quelque peu chaotique.