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Quatrième année d'internat en médecine générale : "Ce n'est pas 'juste' une année de plus"

Les futurs internes en médecine générale sont dans le flou avant leur prochaine rentrée.
Les futurs internes en médecine générale sont dans le flou avant leur prochaine rentrée. © WavebreakmediaMicro / Adobe Stock
Par Pauline Bluteau, publié le 13 juin 2023
6 min

Rémunération, stages, permanence des soins, exercice en zone sous-dense, nombre de maitres de stage… À une semaine des épreuves classantes nationales (ECN), le ministre de la Santé, François Braun, a donné ce lundi 12 juin des précisions concernant la mise en place de la quatrième année d'internat en médecine générale. Les maquettes pédagogiques, elles, ne seront pas prêtes avant la rentrée 2023.

Les quelque 3.600 étudiants en médecine qui s'orienteront vers la médecine générale dès septembre 2023 le savent, ce ne sont plus trois mais quatre années d'internat qui les attendent.

Après plus de six mois de négociations, le rapport sur la mise en place de cette quatrième année d'internat vient d'être publié. Le ministre de la Santé, François Braun, a suivi la plupart des recommandations pour que les internes ne l'envisagent pas "'juste' comme une année de plus mais un premier pas accompagné dans la vie professionnelle". L'Etudiant fait le point sur les nouveautés annoncées.

La rémunération des docteurs juniors plafonnée à 4.500 euros net par mois

C'était le sujet épineux de cette réforme : la rémunération des internes en médecine générale. Lors de leur quatrième et dernière année d'internat, les étudiants seront considérés comme des docteurs juniors, comme c'est déjà le cas pour les autres spécialités.

Aussi, la rémunération a été négociée : au total, ils pourront gagner jusqu'à 4.500 euros net par mois. Ce qui correspond au salaire d'un praticien hospitalier. Dans les faits, difficile d'arriver à cette somme à moins de travailler plus de 48 heures par semaine, soit plus que le maximum légal autorisé.

Plus précisément, les internes en médecine générale toucheront un salaire de base mensuel de 1.900 euros net, auquel s'ajoute une rétrocession d'honoraire de 20% par acte réalisé. Sachant que les consultations sont encadrées : entre 10 et 30 patients par jour et par interne.

"Cette rémunération basée sur un paiement à l’acte a aussi pour ambition de favoriser l’installation en libéral des étudiants après l’obtention de leur diplôme", assure-t-on dans le communiqué du ministère.

Une "année de préprofessionnalisation" en zone sous-dense

Dans cette enveloppe, une indemnité pourra aussi être perçue par les internes qui exercent en zone sous-dense (en zone d'intervention prioritaire ou zone d'action complémentaire). Ce qui correspond à environ 60% du territoire. Le montant sera "autour de 400 euros", confirme le ministère sans donner plus de détails.

Selon lui, il s'agit d'une "méthode positive" pour "inciter les internes à réaliser leur formation dans les territoires les moins dotés en professionnels de santé" et d'un moyen de bénéficier d'une "année de préprofessionnalisation".

La permanence des soins, obligatoire pour les internes

Autre nouveauté à considérer pour les internes en médecine générale : la permanence des soins ambulatoires (PDSA). Si le rapport préconisait plutôt que cette "mesure [reste] incitative et basée sur le volontariat", François Braun a préféré la rendre obligatoire alors qu'elle reste facultative pour les praticiens.

Là encore, le montant de ces gardes est compris dans l'enveloppe des 4.500 euros. "Les internes vont être intégrés à l'exercice du PDSA mais ils n'en auront pas plus que les autres [médecins]. Ce peut être quatre gardes par semestre", précise l'entourage du ministre. Pendant ces permanences, les internes seront toujours en "autonomie supervisée" : "Ils doivent pouvoir joindre un médecin sénior à tout moment pour sécuriser l'exercice."

Le ministre a d'ailleurs annoncé l'intention de former 16.000 maîtres de stages universitaires (MSU) d'ici novembre 2026 pour assurer l'encadrement des internes en médecine générale. Leur nombre a déjà doublé en dix ans pour atteindre 13.000 MSU actuellement mais cela reste insuffisant. Selon le rapport, l'incitation pourrait passer par une augmentation de l'indemnité qui s'élève aujourd'hui à 600 euros bruts.

"Un stage libre" mais orienté pédiatrie et gynécologie

Enfin, les stages de la deuxième et troisième années d'internat de médecine générale (phase de consolidation) seront remodelés :

  • Les stages de pédiatrie et de gynécologie-obstétrique seront couplés.

  • Ce qui laissera la possibilité d'un "stage libre correspondant au projet professionnel". Pour autant, ce stage sera "fléché sur des thématiques prioritaires : santé de la personne âgée, santé mentale, santé de l’enfant et santé de la femme".

Le ministre de la Santé précise que la conférence des doyens de médecine travaille de son côté sur la réorganisation des maquettes pédagogiques pour le deuxième (externat) et troisième cycle (internat). Les propositions seront présentées d'ici la fin de l'été 2023.

Les futurs internes en médecine générale dans l'inconnu

Car tout va maintenant s'accélérer. La première promotion d'internes entrera en novembre prochain pour être diplômée en 2027, après dix années d'études. D'ici là, les futurs médecins généralistes devront passer leur thèse. Une période dérogatoire est accordée pour la présenter y compris lors de leur année de docteur junior, plutôt qu'à la fin de la troisième année d'internat.

Dans l'ensemble, les représentants des internes (ISNI), des internes en médecine générale (ISNAR-IMG) et des étudiants en médecine (ANEMF) n'ont pas manqué de réagir à ces annonces qui paraissent "incomplètes et précipitées". Attendues depuis fin mars, elles sont en effet officialisées avec une "impréparation totale", à une semaine des épreuves classantes nationales (ECN). Cet examen, passé par près de 10.000 étudiants en médecine permet ensuite de choisir sa spécialité, dont la médecine générale. Mais depuis quelques années, la filière est boudée par les futurs internes et la réforme, en l'état, pourrait "amplifier le phénomène", selon les organisations.

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