Portrait

Les métiers des "premiers de corvée" : Mélissa, 20 ans, aide-soignante en Ehpad durant la vague de Covid-19

Par Etienne Gless, publié le 23 juillet 2020
7 min

VIDÉO. Mélissa est une héroïne du quotidien. À 20 ans, la jeune aide-soignante travaille en établissement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Pendant la longue période de confinement, elle a dû maintenir le lien avec les résidents confinés dans leur chambre. Témoignage.

"J'ai eu peur, mais pas pour moi. J'ai eu peur d'attraper le virus et de le transmettre aux personnes âgées qui sont beaucoup plus fragiles". Depuis un an, Mélissa travaille à Châtillon (92), dans une maison de retraite, ces fameux Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Son employeur, le Korian Castel Voltaire héberge une cinquantaine de résidents et fait travailler 22 aides-soignants et 5 infirmiers.

"Les résidents que nous accueillons ont de 58 à 100 ans, en fonction de leur pathologie", explique Mélissa. La journée type de la jeune professionnelle ? Aide à la toilette, aux repas, animations, goûter, aide au coucher, etc : "Le métier d'aide-soignant consiste à accompagner la personne à tout âge de la vie dans ses gestes de la vie quotidienne", résume-t-elle.

Un métier du soin et de la relation d'aide

"Nous accompagnons les personnes en appliquant deux principes : respecter le résident et ne pas faire à sa place afin qu'il garde de l'autonomie et de l'estime de soi". Pas question de faire tout à leur place ! "Même si la plupart des résidents arrivent assez diminués, ils peuvent encore faire des choses, donc ils vont les faire", explique Maeva, 30 ans, l'infirmière qui encadre Mélissa.

En fait, le personnel soignant utilise la méthode d'accompagnement Montessori pour les personnes âgées. "Une qualité essentielle à cultiver c'est la patience", confie Mélissa. "Il ne faut pas brusquer la personne. D'une manière générale, ce métier exige beaucoup d'écoute et de communication, que ce soit entre nous, les soignants, ou avec les résidents et les familles". Elle insiste aussi sur l'importance de garder le sourire, de maîtriser ses émotions pour que nos aînés se sentent bien.

Maintenir le lien à l'épreuve du confinement

Le confinement a été une épreuve encore plus difficile à vivre pour les personnes âgées, plus vulnérables que la moyenne de la population. "Pour éviter la contamination, les résidents ont été confinés très tôt, début mars : les visites de la famille ont été interdites. Puis les résidents ont été confinés dans leur chambre, sans pouvoir accéder aux espaces communs comme la salle à manger", se souvient Mélissa. "La période a été compliquée aussi pour nous, les soignants, car il a fallu mettre en place beaucoup de mesures de protection au travail : nous avons été équipés de gants, surblouses, surchaussures et masques".

Pour compenser l'absence de visites, Mélissa et tout le personnel soignant sont allés encore plus souvent au contact des résidents dans leur chambre pour passer du temps avec eux. Bien sûr, l'établissement a organisé des appels Skype pour maintenir le lien avec les familles et une gazette hebdomadaire a même été mise en place pour informer de la vie à l'Ehpad. "Toutes ces mesures ont permis aux résidents de garder le sourire et de ne pas se laisser aller", estime Mélissa. En juillet, si les visites sont de nouveau accordées, un protocole sanitaire très strict demeure pour protéger les personnes.

10 stages en 4 ans d'études

"Dès l'âge de 10 ans, j'ai su que j'avais envie d'exercer un métier lié au soin de la personne" et la naissance de sa deuxième petite sœur a conforté le souhait d'orientation de Mélissa. "Ma sœur était prématurée et a passé quelques temps dans un service de néonatalogie. J'ai pu observer les métiers d'auxiliaire de puériculture et de sage-femme. Cela m'a énormément plu", affirme-t-elle.

À l'issue de la classe de 3ème, Mélissa s'engage dans la préparation du bac professionnel Accompagnement, soins et services à la personne (bac pro ASSP).

"Durant ces trois ans, j'ai pu effectuer 6 stages en tout, dans différents types de lieux : école maternelle, foyer logement, maison de retraite... Et l'année de terminale j'ai passé les concours d'aide-soignant. J'ai été acceptée au centre hospitalier du Mans (72) où j'ai suivi une formation partielle de janvier à juillet 2019". En effet, grâce à son bac ASSP, Mélissa avait déjà validé 5 des 8 modules nécessaires à l'obtention du diplôme d'État d'aide-soignant (DEAS).

Là encore, la jeune femme multiple les stages : 4 en tout. "Celui passé au contact de paraplégiques m'a beaucoup marquée. Un patient qui avait à peu près mon âge avait eu un grave accident de voiture. Cela m'a fait prendre conscience que je roulais trop vite et depuis je respecte mieux les limitations de vitesse sur route", avoue Mélissa.

Premier emploi trouvé en porte-à-porte en une journée !

Diplômée en juillet 2019, Mélissa n'a pas mis longtemps à trouver un poste d'aide-soignante. Le métier est l'un de ceux qui recrutent le plus en France et connait des besoins constants de personnels formés. "Un matin, je suis partie de chez moi à pied et je me suis présentée à la porte des maisons de retraite des environs. Arrivée dans cet établissement, qui avait ouvert quelques mois plus tôt, on m'a demandé si je pouvais commencer à travailler le jour même !" 15 jours plus tard, après une courte période d'essai, Mélissa signait un CDI !

La jeune aide-soignante n'en a pas pour autant fini avec les études : "D'ici un an je compte tenter les concours d'auxiliaire de puériculture. Avec deux diplômes je pourrai exercer dans tous les types de structures et auprès de tous types de personnes à tous les âges de la vie". Deux cordes à son arc c'est toujours mieux ! Enfants ou personnes âgées, Mélissa consacrera sa vie professionnelle au service des autres.

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