Reportage

Master en art : aux Beaux-arts, "nous n'avons pas beaucoup de cours, mais beaucoup de travail"

Le projet plastique de fin d’année de Yichen Wang, étudiant du master "design d’espace" des Beaux-Arts de Dijon.
Le projet plastique de fin d’année de Yichen Wang, étudiant du master "design d’espace" des Beaux-Arts de Dijon. © Marielys Lorthios
Par Camille Jourdan, publié le 11 janvier 2023
8 min

Pourquoi ne pas opter pour un master en art… aux Beaux-Arts ? Nous avons poussé les portes de l’Ensa de Dijon, qui propose une option art et une option design de l’espace pour obtenir un DNSEP. Ces parcours ne sont toutefois qu’une infime part des choix qui s’offrent à vous pour obtenir un master en art.

"Cette année, nous n’avons pas beaucoup de cours, mais nous avons beaucoup de travail", constate Eléa, étudiante de 5e année à l’Ensa Dijon, installée avec ses 12 camarades dans une immense salle, dédiée à l’option "art". Les murs et les tables sont recouvertes de dessins, sculptures, croquis.

À l’étage, un plateau similaire est consacré aux sept étudiants de l’option "design de l’espace". Cette spécialité, rare dans le paysage de l’enseignement supérieur français, vise à réfléchir aux manières d’aménager l’espace public. Ce choix de parcours se fait dès la deuxième année.

Deux années de travail artistique intensives en master aux Beaux-Arts

Après un semestre à l’étranger ou en stage, les étudiants des Beaux-Arts de Dijon se préparent à la réalisation des supports pour obtenir leur diplôme : un mémoire et un projet plastique. En art, le sujet implique souvent une pluralité de mediums, de la peinture au dessin en passant par la photo ou la vidéo.

Éléa prépare ainsi un mémoire sous la forme d’un roman graphique autobiographique, dans lequel elle abordera des thématiques universelles comme la famille monoparentale ou le deuil.

En design, ces travaux explorent des problématiques liées à l’espace public. Arthur travaille ainsi sur les enjeux du foot dans les espaces urbains, et envisage un projet d’intégration de terrains de sport sur les places publiques de Dijon (21).

"Chaque mercredi, on présente l’avancement de notre travail", explique de son côté Enzo. Ce suivi individualisé va de pair avec une grande autonomie : hormis quelques heures de cours théoriques, en histoire de l’art ou en anglais, les étudiants se consacrent à leurs travaux finaux.

Des ateliers de recherche et de création

Pour les guider dans leur réalisation, plusieurs ateliers de recherche et de création (ARC) leur sont proposés par des enseignants, tous professionnels du milieu artistique.

Directeur artistique d’une association de promotion des musiques créatives, Nicolas Thirion anime ainsi l’ARC "arts du son". Pour son premier "cours", il a réuni ses étudiants dans le petit studio de l’école. Ici, ils pourront apprendre "comment, avec le son, on peut fournir des outils à intégrer dans des productions plastiques", décrit Nicolas Thirion. Premier exercice : se sensibiliser à la musique expérimentale. Puis ils pourront se familiariser avec le matériel mis à disposition : table de mixage, logiciels de montage…

Faire des choses concrètes avec un impact pour les étudiants en master art

D’autres ARC s’adressent davantage aux étudiants en option "design de l’espace". L’an dernier, celui dédié aux "mutations urbaines" a permis à ses participants de collaborer avec la métropole dijonnaise. Ils ont ainsi imaginé un dispositif d’îlot de fraîcheur : une table équipée de toiles d’ombrages, qui a été installée en centre-ville. "Dans cette école, nous sommes amenés à faire des choses concrètes, qui ont un impact", se réjouit Arthur, en 5e année.

Laurent Matras, responsable de cet ARC, insiste sur "l’ouverture d’esprit et la curiosité envers les questions d’actualité" dont doivent faire preuve les étudiants des BeauxArts. "Le design de l’espace doit aujourd’hui prendre en compte les questions de mobilités douces, de durabilité, de biodiversité...", souligne le designer. Dans les deux options, la réalisation du mémoire implique un gros travail de recherche. "On lit beaucoup, mais nous allons aussi au cinéma, voir des expositions, des conférences", liste Grishk, en option "art".

Préparer l'insertion professionnelle des étudiants

"Nous les préparons aussi à la dure réalité qui les attend", note Lydie Jean-dit-Pannel, coordonnatrice du 2e cycle art. Pour être armés dans leur future vie professionnelle, les étudiants peuvent discuter avec les intervenants professionnels qu’ils rencontrent au cours de leur cursus, et des cours sont consacrés à l’aspect administratif de leurs métiers : statut d’intermittent, intégrer un collectif, s’installer dans un atelier… "En design, ils peuvent aussi rejoindre des organismes publics, des cabinets d’urbanistes, ou travailler à leur compte, seuls ou en collectifs", énumère Laurent Matras.

Quel que soit le cursus suivi, les études en art peuvent aussi être complétées par des masters universitaires, des masters of Science (MSc) ou des mastères spécialisés (MS), proposés par des écoles d’ingénieurs ou de commerce. Ces parcours permettent de se former au management de certains domaines artistiques. L’Insa Lyon et l’Ensatt proposent ainsi un MS commun de "directeur technique du spectacle vivant", et Audencia un MS "management de la filière musicale".

Artiste, un débouché parmi d'autres

À l’université aussi, des parcours donnent une autre coloration aux filières artistiques. À Bordeaux, Angéline a choisi le master "Artistes intervenants" : "On apprend à développer notre pratique artistique et à l’adapter pour la partager dans les milieux du médico-social, ou encore dans des écoles ou des prisons", décrit la jeune femme.

"Avoir un diplôme dans une école d’art ne mène pas forcément au métier d’artiste, conclut Lydie Jean-dit-Pannel. Il y a plein de métiers périphériques, comme galeriste ou médiateur culturel. Une ancienne étudiante est vidéaste pour une compagnie de danse, une autre travaille dans le design culinaire... ".

Les écoles nationales supérieures d'art

Les Beaux-Arts de Dijon sont l’une des dix écoles nationales supérieures d’art de France. Les Ensa proposent des formations en cinq ans, pour obtenir d’abord le diplôme national d’art (DNA) en trois ans, puis, le diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP), qui confère le grade de master. Des admissions parallèles permettent de rejoindre directement la troisième année, voire la quatrième, à condition d’avoir des bases techniques très solides.
Si ces écoles comptent parmi les plus prestigieuses, elles ne sont pas les seules à proposer des formations après un bac+2 ou +3 : le territoire compte des dizaines d’écoles territoriales des Beaux-Arts, mais aussi des écoles spécialisées publiques (dans le cinéma à Louis-Lumière, dans la photographie à l’ENSP d’Arles…), mais aussi privées (dans le jeu vidéo à N3w Edge, ou dans la mode à l’École de Mode et de Stylisme à Paris). Enfin, l’université aussi offre pléthore de parcours de masters, dans toutes les disciplines artistiques.

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