Découverte

Faire ses études d'infirmier en apprentissage, un avantage pour les diplômés

L'apprentissage pour les étudiants infirmiers est possible dès la première année en IFSI.
L'apprentissage pour les étudiants infirmiers est possible dès la première année en IFSI. © Sebastien ORTOLA/REA
Par Pauline Bluteau, publié le 02 février 2023
7 min

Plus rare chez les futurs infirmiers, l'apprentissage est pourtant envisageable, parfois même dès la première année d'études. Un choix qui a du sens à condition d'être motivé et de s'impliquer.

Savoir si l'on peut réaliser un apprentissage en IFSI (institut de formation en soins infirmiers), c'est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin : on se demande par où commencer. Pourtant, la réponse est oui : l'apprentissage est bien possible pour les étudiants en soins infirmiers même s'il y a quelques spécificités.

Le contrat d'apprentissage, d'étudiant-infirmier à salarié

La majorité des IFSI peuvent vous proposer un contrat d'apprentissage. Deux conditions s'imposent : avoir entre 16 et 29 ans révolus et trouver un employeur. En tant qu'apprenti, vous n'êtes plus considéré comme un étudiant mais comme un salarié.

Vous dépendez à la fois de votre IFSI, de votre CFA (centre de formation d'apprenti) et d'un établissement privé ou public comme un centre hospitalier, un EHPAD, un centre médico-social... Vous pouvez en effet effectuer votre apprentissage dans n'importe quelle structure, à partir du moment "où l'on trouve des infirmiers et donc potentiellement des maitres d'apprentissage", assure Marie-Luce Rouxel, directrice nationale Croix-Rouge compétence.
L'apprentissage vous donne aussi droit à une rémunération

qui varie de 461,51 euros à 1.709,28 euros bruts (entre 27 et 100% du SMIC) selon votre âge et votre niveau d'études. Et comme tout salarié, vous n'aurez plus de vacances scolaires, mais vous aurez au minimum cinq semaines de congés payés.

Un apprentissage davantage possible en deuxième ou troisième année

D'autres conditions s'ajoutent tout de même dans le cadre des études d'infirmiers. D'abord, sur l'accès à l'apprentissage. Contrairement aux autres formations, la sélection se déroule sur Parcoursup. Vous devez faire vos vœux via la plateforme en respectant le calendrier traditionnel. Il ne suffit donc pas de trouver un employeur pour être admis en IFSI.

D'autant que "faire un apprentissage en trois ans reste rarissime", complète Véronique Leone, directrice générale d'Interfed Santé sociale – Cerfah (centre régional de formations d'apprentis spécialisé dans les métiers du soin en Provence-Alpes-Côte d'Azur). La majorité des contrats d'apprentissage en soins infirmiers débute en deuxième ou en troisième années d'études, tout simplement parce que vous devez au préalable avoir obtenu votre diplôme d'aide-soignant, une équivalence attribuée en fin de première année.

Seuls certains IFSI, comme le centre de formation professionnel Bordeaux Nord Aquitaine (CFPBNA) ou l'IFSI d'Agen-Nérac, permettent aux étudiants d'entrer en apprentissage dès la première année. Mais là encore, sur Parcoursup, l'inscription est la même que pour postuler à d'autres IFSI.

Pour réaliser votre formation en apprentissage, parlez-en directement avec votre établissement. L'IFSI vous orientera vers un CFA qui vous aidera à accomplir les démarches et trouver un employeur. À savoir également que l'on peut vous demander de signer un contrat moral, en plus du contrat d'apprentissage. Il s'agit d'un document qui peut vous inciter à poursuivre votre carrière au sein de votre structure d'accueil une fois diplômé, pour un ou deux ans. Il n'a pas de valeur juridique et vous pouvez le rompre au moment venu.

Des jeunes infirmiers plus confiants pour s'occuper des patients

L'un des principaux avantages de l'apprentissage reste le salaire. L'indemnité de stage pour un étudiant infirmier s'élève entre 1,03 et 1,70 euro l'heure alors que pour un apprenti, la rémunération varie de 3,04 à 11,27 euros l'heure. Mais ce n'est pas la seule motivation des étudiants. "Ils voient l'apprentissage comme une réponse à la précarité mais aussi comme une bouée de sauvetage pour se rassurer et développer leur culture-métier", constate Florence Girard, présidente de l'ANDEP (association nationale des directeurs d'écoles paramédicales).

Intégrés comme des salariés, les apprentis font partie de l'équipe, ils découvrent plus en profondeur leur métier, acquièrent plus d'expérience et de compétences. Car en plus d'être présents lors des périodes de stage comme les autres étudiants, les apprentis travaillent toute l'année au sein de leur structure : pour certains le week-end et/ou pendant les vacances scolaires.

"Ils se rassurent surtout sur la pratique puisqu'ils connaissent les services, leurs collègues… C'est un avantage parce qu'il y a souvent un décalage entre l'idée qu'on se fait du métier et la réalité, les difficultés, ses contraintes. Lorsqu'ils sont embauchés, ils gagnent six mois d'intégration", estime Véronique Leone.

Un rythme de travail assez soutenu en apprentissage

L'apprentissage semble donc une formule "gagnant-gagnant" à la fois pour les étudiants mais aussi pour les employeurs. Certains établissements font une sorte de prérecrutement grâce à l'apprentissage. L'offre ne cesse d'ailleurs de s'accroitre côté employeurs.

Mais la vigilance reste de mise. "L'apprenti ne doit pas servir de variable d'ajustement dans une équipe… même si parfois, c'est difficile à faire entendre", concède Florence Girard. Le manque d'encadrement est d'ailleurs ce qui inquiète la FNESI (fédération nationale des étudiants en sciences infirmières) : les maîtres de stage ne sont déjà pas assez nombreux, l'accompagnement des tuteurs pour un apprentissage peut être un vrai frein.

Autre élément à prendre en compte : la variété des terrains de stage. Si en formation initiale, les IFSI font attention à placer leurs étudiants dans des structures différentes (psychiatrie ou santé mentale, soins de courte et longue durée, soins individuels ou collectifs), en apprentissage, les étudiants ne connaissent qu'un seul terrain de stage.

"L'idéal, c'est le centre hospitalier puisque l'apprenti peut découvrir différents services, contrairement aux EHPAD", confirme Florence Girard. La plupart du temps, les apprentis réalisent tout de même certains stages dans d'autres structures pour répondre aux besoins de la formation.

Enfin, il ne faut pas négliger le rythme de l'apprentissage. "Quand on n'est pas en cours, on doit aller travailler, c'est du 100%", prévient Manon Morel, présidente de la FNESI. Pour Véronique Leone, le choix de l'apprentissage demande effectivement "une implication supplémentaire" à avoir en tête avant de se lancer.

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