Témoignage

Numerus apertus 2021-2022 : les étudiants en PASS et L.AS dans le flou

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Par Pauline Bluteau, publié le 26 avril 2021
6 min

Généralement publié dès janvier, le nombre de places pour entrer en deuxième année de santé est cette année, plus que jamais, très attendu par les étudiants en PASS et en L.AS. En pleine réforme, le numerus clausus, devenu numerus apertus, reste une source de stress et d’inquiétude.

"Décourageant", "décevant", "stressant"… Lorsqu’il est question du numerus apertus, les étudiants en PASS (parcours spécifique accès santé) sont assez unanimes. Avec la mise en place de la réforme des études de santé à la rentrée 2020, la PACES (première année commune aux études de santé), le numerus clausus et le concours pour intégrer l’une des cinq filières MMOPK (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie, kiné) ont été supprimés au profit des PASS et L.AS (licence avec option "accès santé"), d’un numerus apertus et d’examens de fin de semestre. "En réalité, ça ne change rien, à la fin, il y a toujours un classement et c’est tout ce qui compte pendant cette année", s’exclame Chloé, étudiante en PASS à l’université de Lille.

Alors que les derniers examens approchent, ou sont mêmes déjà terminés pour certains étudiants, plusieurs universités n’ont pas encore publié leur numerus apertus 2021-2022. Des chiffres qui ont pourtant un impact direct sur le classement, de quoi provoquer une inquiétude supplémentaire chez les futurs professionnels de santé.

Une absence de visibilité pour les étudiants en PASS et L.AS

Maryam, 19 ans, est étudiante en PASS à l’université Sorbonne Paris Nord. Après s’être basée sur des chiffres approximatifs, l’étudiante a reçu le numerus apertus officiel il y a tout juste quelques semaines. "En médecine, les PASS n’ont que 50 places et en maïeutique, ils vont même devoir se battre pour une seule place… Je ne trouve pas ça logique, je ne comprends vraiment pas, c’est très décevant."

Pensant que la réforme lui serait bénéfique, Maryam est tombée de haut : "J’ai lâché plusieurs fois pendant l’année, je n’ai plus envie de travailler… à quoi ça sert, il n’y a pas de places pour nous."

De son côté, Chloé a elle aussi eu connaissance du numerus apertus il y a quelques mois. Contrairement à Pauline, étudiante en PASS à l’université de Brest. Depuis le début de l'année, elle se base sur le numerus clausus 2020-2021. L'université de Bretagne a confirmé que les chiffres pour l'année à venir n'avaient pas encore été réévalués. "C’est important d’avoir ces chiffres pour connaitre nos chances de réussite, confirme Pauline. C’est vraiment un stress supplémentaire."

Réforme des études de santé : un manque d’anticipation des universités

D'autres facs manquent également à l’appel. Impossible d’avoir une vision nationale officielle des numerus apertus à quelques jours ou semaines de la fin de l’année scolaire.

Pour Loona Mathieu, vice-présidente chargée de l’enseignement supérieur à l’ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France), les universités auraient dû voter leurs capacités d’accueil pour la rentrée 2021 en octobre 2020. "C’est assez complexe, beaucoup d’acteurs de la santé et de l’enseignement supérieur y participent, or, la réforme impliquait des changements dans l’organisation. Il y a eu une incompréhension dans le processus à suivre, ce qui explique le retard par rapport aux années précédentes", explique la jeune femme.

Des modifications qui auraient tout de même dues être anticipées, selon Sébastien Fourneron, membre du collectif PASS/L.AS à Lyon et au niveau national. "Les responsabilités sont partagées mais les universités auraient pu demander des comptes et des places supplémentaires au ministère, je ne suis pas sûr qu’elles l’aient fait. Il y a des règles, c’est la loi et il faut la respecter. Là, c’est un cauchemar pour les étudiants qui ne se sentent pas du tout soutenus."

Rester concentré sur les examens de fin d’année

Cette incertitude reste dure à avaler pour les étudiants en PASS et L.AS. "Ce n’est pas facile de rester motivée toute l’année, raconte Pauline, l’étudiante bretonne. Peut-être qu’il faudrait prendre moins d’étudiants à l’entrée à l’université pour éviter qu’on ait le sentiment de perdre notre temps…"

Maryam, de son côté, ne veut pas penser à un plan B ou une réorientation. "J’ai passé trop de temps à me poser des questions cette année mais faire médecine reste la seule chose que je veux faire. Je me suis quand même réinscrite sur Parcoursup, par dépit."

Quant à l’opportunité d’entrer en deuxième année de L.AS pour retenter l’examen l’année prochaine, les étudiantes ont assez peu d’espoir. "Il y a très peu de places pour les L.AS 2, ça me parait encore plus compliqué", estime Pauline. "Les étudiants restent dans le flou, c’est difficile pour eux de prévoir leur avenir", concède la vice-présidente de l’ANEMF.

Également assez peu convaincue par la L.AS 2, Chloé semble plus résignée. L’étudiante lilloise estime qu’il n’y avait pas d’autre solution à "cette année blanche". "Quand il y a une réforme, il y a une transition. Elle n’est pas vraiment à notre avantage mais je ne veux rien regretter, je me dis que je ne peux pas abandonner maintenant", numerus apertus ou pas…

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